visuel photo de Athenium films

Focus sur Athenium Films

Ils agissent

Sophie Geoffroy, productrice chez AtheniumFilms répond à nos questions sur ses engagements Ecoprod depuis Le Bouscat dans le 33.

Sophie, comment avez-vous entendu parler de la charte Ecoprod ?

J’ai été au courant de la création de la Charte dès 2009. Athenium Films avait intégré un club d’entreprises de l’audiovisuel qui s’appelait Le Réseau de l’image avec la chambre de commerce et d’industrie de Paris. On avait mis au point une charte d’engagement social et environnemental pour les entreprises de l’audiovisuel et de la communication adhérentes. C’est à ce titre que nous avons été contactés par la responsable RSE de TF1 pour établir le Carbon’Clap©. On travaillait dans le milieu de la production, on voulait montrer que ce n’était pas si difficile à mettre en place. Il devient vite une habitude à prendre et à instaurer. Athenium Films a ensuite naturellement adhéré au collectif Écoprod dès 2009.

Quand avez-vous adhéré à la charte et quelles étaient vos priorités lorsque vous avez signé la charte ? Un objectif (énergie, gestion des déchets) ?

Je viens du monde la publicité et j’ai par la suite fait un pas de côté chez un annonceur qui travaillait pour l’environnement. J’ai vu l’envers du décor et je me suis rendue compte qu’il était possible de travailler et de créer autrement. Donner des outils, sensibiliser en adoptant des démarches innovantes et des pratiques collectives. Mon objectif était global, il concerne l’ensemble des métiers et des phases de conception d’un film.

Quel suivi et quel(s) dispositif(s) avez-vous mis en place ?

Tout commence au bureau avec des gestes au quotidien. L’impression en noir recto/verso quand elle est nécessaire. La dématérialisation des rendez-vous, téléphoniques lorsque c’est possible. Nous n’avons pas de climatiseur mais des ventilateurs. Nous éteignons les ordinateurs, réutilisons les déchets et avons des ampoules basse consommation.

Plus spécifiquement j’ai mis en place un guide des bonnes pratiques et des éco-gestes sur les tournages. En 2009-2010, pour le tournage de l’émission Le progrès en question je l’ai distribué à l’équipe et fait signer. Nous avions limité les déplacements, effectué de la circulation douce, éteint les lumières entre les prises de vues, utilisé des produits de maquillage bio et des peintures sans solvant pour les fonds verts. Une cuisinière achetait des produits locaux et de saison. Nous avions même des gobelets avec nos noms. Bon, ça n’a pas été de suite facile, j’ai souvent entendu “Mais elle nous embête avec tout ça”. Et finalement ça passe de mieux en mieux, ce que chacun applique chez lui, il l’applique aussi dans le domaine professionnel. Même dans un domaine comme l’audiovisuel.

Avez-vous un exemple ?

Par exemple j’ai récemment travaillé avec L’Oréal Chine. Nous avions instauré du catering local, effectué le repérage avec googlemaps et mélangé les équipes chinoises et françaises pour limiter les déplacements. L’ensemble des parties prenantes ont été mobilisées. Sur ces cas on s’adapte forcément, inutile de dire que l’on avait pas nos noms sur les gobelets sur ce projet mais des pratiques d’éco-production ont été adoptées.

Vous dites travailler avec des drones “écologiques”, qu’entendez-vous par là ?

Au regard de la machinerie lourde, comme les grues, le travelling ou l’hélico, le drone propose une alternative sur certains plans filmiques. Il est écologique dans le sens où une grue mobilise toute une rue et reste plutôt difficile à déplacer si je tourne en forêt ou en bord de mer… Il faut aussi compter les déplacements pour la transporter jusqu’au lieu de tournage parfois pour réaliser un plan de quelques secondes. Le drone est alors plus facile à transporter et très rapide à mettre en place. De plus en fonction des besoins on peut adapter des caméras différentes selon la charge de poids. Un seul drone peut être réemployé c’est un levier non négligeable.

Mais attention, sur certains plans, la grue ou l’hélico sont obligatoires. Pensez à l’introduction du Grand Bleu… Un drone n’aurait jamais pu le faire. Ma limite est de ne pas nuire à la vision de l’artiste. Lorsque nous avons le choix nous faisons avec le plus écologique, par contre lorsque nécessaire et obligatoire nous utilisons l’hélicoptère. Tout en sachant que l’on peut ensuite compenser la consommation carbone sur d’autres leviers. C’est en cela que le Carbon’Clap© est intéressant, il permet de voir le projet dans sa globalité.

Vous travaillez parfois avec les collectivités, comment appliquer ces pratiques ?

Dans le cadre de l’Agenda 21 la plupart des collectivités sont engagées sur la limitation des gaz à effet de serre dans leurs activités culturelles. C’est en cela que la démarche écologique correspond avec le Bilan qu’elles ont à faire et leurs restrictions. On travaille au maximum avec les équipes locales pour développer le tissu social et économique local. Les différentes commissions du film font aussi le relais et donnent de la visibilité aux principes écologiques.

Rencontrez-vous des difficultés avec certains clients ?

Beaucoup s’aperçoivent que la démarche de développement durable est aussi économique. Les entreprises du CAC 40 doivent aussi fournir un Rapport Développement Durable et en tant que prestataire nous pouvons les y aider et en profiter pour instaurer des processus de frein sur le fond. Nous avons réussi à faire intégrer le Carbon’Clap© au bilan Développement Durable de Thalès. Au fur et à mesure les clients nous connaissent, ils savent comment on travaille et nous approchent pour ça.

Avez-vous partagé votre expérience avec d’autres collaborateurs Ecoprod ?

Je trouve que nous manquons de relations entre les autres collaborateurs d’Écoprod. Nous avons un réseau en Aquitaine et au-delà, mais il pourrait être renforcé entre professionnels et aussi avec les écoles et la société civile. Écoprod n’est pas notre seul engagement, depuis Juillet 2011 nous avons obtenu le Label de la marque EnVol© concernant le management environnemental. Il est plus restrictif car basé sur le premier référentiel AFNOR FD X 30-205 qui est l’adaptation de la norme ISO 14001 pour les PME avec des normes et des process de validation.

Des commentaires à ajouter ?

Dans notre milieu, on dit souvent “le temps c’est de l’argent, alors toutes les contraintes et tous les guides éco, passons”. Mais les outils et guides proposés par Écoprod sont faciles, pratiques et rapides à mettre en oeuvre. C’est un bon outil pour les clients, il permet de savoir où sont les points d’amélioration sans nuire à l’artistique du projet. On pourra continuer à faire le travail que l’on aime et continuer de produire de belles oeuvres respectueuses de l’environnement au fur et à mesure des innovations à venir. Les industriels travaillent sur de nouvelles lumières, des drones ou des data center verts. L’innovation technologique nous permet un confort de vie, nous pouvons rester en Aquitaine, berceau du drone sans changer le rapport avec les clients et les diffuseurs. Eco-friendly c’est surtout très friendly !

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