Interview de Florence Al Aswad, créatrice de « A Way to Wake Up », une agence éthique et responsable et une société de production audiovisuelle verte dont la spécificité est de traiter exclusivement de sujets liés au Développement durable dans le monde.
Elle nous parle de sa démarche et de la satisfaction de recevoir le prix spécial Ecoprod “production éco-responsable” aux Deauville Green Awards.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Journaliste depuis 1998, j’ai travaillé pour beaucoup de télévisions à l’étranger notamment (Groupe Al jazeera) et réalisé de nombreuses émissions pour l’Afrique subsaharienne en français et en anglais. Puis en 2006, j’ai été nommée chef d’édition à France 24.
C’est en 2007 que je crée ma société « A way to wake up Productions » avec un collaborateur mais étant salariée par ailleurs, mon implication au sein de celle-ci restait réduite. C’est en 2010 que je décide de m’y consacrer exclusivement.
Dès le début, nous voulions travailler uniquement sur la thématique du développement durable. Il nous semblait important de sensibiliser les gens, le grand public, mais aussi les entreprises sur les enjeux du développement durable et la responsabilité sociale de l’entreprise.
Nous avons restructuré la société en 3 pôles : le pôle journalistique (reportages et documentaires), le pôle corporate (c’est-à-dire les films institutionnels) et le media training (formation sur les fondamentaux du journalisme télévisuel et sur les valeurs durables – management de proximité, la diversité).
Maintenant, je suis donc productrice et réalisatrice.
Plus précisément, quelle est votre démarche au sein de votre société ?
En 2007, le développement durable restait un sujet un peu vague malgré la mise en place de grandes conférences telles que le Grenelle de l’Environnement. Or, je me suis rendue compte, à travers diverses lectures, que le développement durable regroupait toutes mes valeurs sur le plan humain, intellectuel et social. J’ai puisé dans tous ses principes pour agir au sein de ma société.
Evidemment, le volet économique est important puisqu’on peut être respectueux de l’environnement tout en ayant des retombées économiques. Nous avons mis en place une politique de réduction des dépenses d’énergies, de recyclage. Grâce à Ecoprod et au Carbon’ Clap, nous avons tout remplacé (exemple : les lampes) dans la société pour être au minimum impactant sur l’environnement. Cette démarche étant faite, je suis passée de l’économie verte à l’économie bleue pour mettre l’humain au cœur de notre société.
Je voyage partout dans le monde et je souhaitais partager ça avec les acteurs eux-mêmes, non pas sous forme financière mais davantage sous forme d’amélioration des conditions de vie.
Nous avons développé le mécénat de compétences, par exemple je vais former des femmes en conditions précaires que je coacherai pour des entretiens d’embauche.
Liant l’humain à l’impact environnemental, pourquoi ne pas réduire cet impact en travaillant de chez soi ? Par exemple : une maman qui souhaite garder son enfant le mercredi après midi peut travailler de chez elle grâce aux nouvelles technologies. Pareillement, un de nos monteurs qui a quitté Paris pour la qualité de vie en province ne va pas être pénalisé parce qu’il déménage.
Par rapport au souci environnemental, nous avons aussi mis en place la fibre optique car les téléchargements sont plus rapides. A chaque fois, nous avons cherché des petites astuces.
Pouvez-vous nous parler de « Surfriders », le film que vous avez réalisé et produit ?
Ce film est une commande de Generali dans le cadre de son réseau d’associations Génération en action. Chaque année, nous leur fournissons un reportage par mois en mettant en vedette une association qui a une action particulière. « Surfriders » a été choisi par rapport à leur engagement lors des Initiatives Océanes pour nettoyer les littoraux français et européens.
Ce reportage a été fait avec la collaboration de toute l’équipe là-bas. Il était un peu dur de pouvoir récolter les témoignages de tout le monde étant donné que le tournage ne durait qu’une journée. Ce fut intense. Au delà de l’image que nous essayons de rendre jolie grâce àla Haute Définition, le message est le point le plus important. Je préfère que ce soit les gens eux-mêmes qui le disent, je ne suis pas là pour transmettre un message que l’on m’a dicté. Ils se livrent avec beaucoup de spontanéité, je ne leur pose pas trop de questions même si j’ai un fil rouge en tête.
Je finis toujours avec une sorte de slogan. Dans « Surfriders », le président qui dit « avant j’étais un surfeur en colère, maintenant je suis un surfeur engagé ». Il s’agit de montrer qu’en agissant positivement on peut faire des miracles !
Que représente pour vous le prix Ecoprod qui a récompensé « Surfriders » ?
Par rapport à tout le festival, c’est le plus beau prix. Lorsqu’on s’engage, on essaye de mettre en place des choses. Parfois, il est vrai que c’est beaucoup de perte d’argent. Mais nous avons des convictions et les efforts paient. Depuis 2007, nous étions convaincus que ça pouvait porter ses fruits. Et le prix Ecoprod vient récompenser le fruit de 6 années de travail. Etre reconnu par ses pairs, par une institution qui mesure et valorise l’engagement des productions, je trouve ça fort, c’est génial !