Disponible sur France.tv Slash depuis ce jeudi 22 décembre, la comédie L’Attaque des déchets nous séduit, tant par son scénario que par son éco-production.
Roxanne et Philippe sont tellement obnubilés par leurs histoires de couple qu’ils en oublient souvent le monde autour d’eux. Alors qu’au milieu d’une dispute ils décident de se séparer, un phénomène étrange survient : les déchets du monde entier prennent vie et s’attaquent aux gens. Arnold, leur ami de toujours, en est persuadé, c’est à cause d’eux, ils doivent se réconcilier et tout redeviendra normal. Roxanne et Philippe vont alors tout essayer pour résoudre leurs querelles, sauver leur couple et sauver le monde. Plus facile à dire qu’à faire quand une simple canette de soda devient un tueur acharné.
Ecoprod est allé à la rencontre du réalisateur/co-scénariste de L’Attaque des déchets, Matthieu Liénart, de Jean Pébereau, co-scénariste et directeur artistique, ainsi que de la régisseuse générale, Valentine Marou.
Ils n’en sont pas à leur première collaboration : quatre ans plus tôt, les deux scénaristes avaient fait appel à Valentine pour le court métrage Attack of the living trash, pilote de l’unitaire pour France TV Slash. Le film aborde des problématiques liées à la production et gestion des déchets. Un sujet que les deux auteurs ont préféré traiter par la comédie que par le catastrophisme :
« Nous nous sommes demandé comment en parler de manière ludique, comment sensibiliser en évitant de générer de l’éco-anxiété » indique Matthieu Liénart, « Nous voulions montrer des personnages préoccupés par leurs petits problèmes personnels alors qu’il y a une problématique gigantesque tout autour d’eux »
« Quand les personnages ne font plus attention au problème évident et se concentrent sur autre chose, ça devient tout de suite décalé. D’un côté, les déchets prennent vie et tuent les gens, et de l’autre on a un couple face à ses contradictions, tout l’enjeu était de trouver un équilibre. » ajoute Jean Pébereau.
La régisseuse générale, connaissant déjà l’équipe et les intentions des scénaristes, a alors proposé de mettre en place une éco-production. Un choix qui s’est imposé naturellement pour le duo :
« C’était évident avec le sujet, nous en parlions depuis le début ».
La production a ainsi limité le nombre de déplacements en mutualisant au maximum les transports : centralisation des lieux de tournage et location d’un minibus pour transporter l’équipe technique lorsque cela a été nécessaire. La cantinière se fournissait en produits locaux, achetait en vrac. Une option végétarienne était proposée à chaque repas et toute l’équipe mangeait végétarien une fois par semaine.
« Si le végétarien/vegan est bien cuisiné, ce n’est plus un frein » assure Valentine Marou. Elle ajoute avoir pris beaucoup de plaisir sur le tournage qui lui sert maintenant de nouvel exemple concret d’éco-production lorsqu’elle souhaite sensibiliser les professionnels du secteur. Un enjeu clé pour la régisseuse générale :
« Je me suis rendu compte que l’éco-production ce n’était pas tant une question de génération que de sensibilisation. Sensibiliser en amont d’un tournage permet aux équipes d’exprimer leurs doutes voire peurs et donc à la fois de les rassurer et d’identifier les potentiels freins à l’éco-production. C’est aussi pour ça que j’ai saisi l’opportunité de porter ces sujets en tant que régisseuse générale ».
Les deux scénaristes renchérissent: « Valentine nous a dit que cela avait faisait une différence pour elle que l’on soit actif dans la démarche d’éco-production, ce que nous ne réalisions pas forcément. Sur un prochain projet, nous allons indiquer aux parties prenantes que nous sommes aussi concernés et impliqués ».
La production a travaillé avec des vrais déchets pour les décors et accessoires ©Gautier Berr
Mais L’Attaque des déchets est loin de se limiter à des prises de conscience des équipes en interne :
« Nous nous sommes renseignés sur ce que c’était vraiment que le recyclage quand nous réfléchissions au scénario. Après les projections, quelques personnes sont venues nous dire qu’ils étaient surpris de ce qui se passe dans une scène du film parce qu’ils avaient tendance à voir le recyclage comme LA solution. En fait, on s’est rendu compte que ce n’est pas une solution totale, ni dans le film ni dans la vie ».
Point important pour Valentine Marou qui fait du zéro déchet l’idéal à atteindre pour ce tournage, la première étape consistant ainsi à refuser les matériaux qui ne sont pas absolument nécessaires. Une vision alignée avec la « règle des 5R » popularisée par l’auteure américaine Béa Johnson, invitant chacun à refuser, réduire, réduire PUIS recycler et enfin redonner à la terre/composter. La régisseuse nous fait par ailleurs remarquer que cet unitaire de 45 minutes s’inscrit parfaitement dans la dynamique des projets portés par France.tv Slash depuis quelques années « France.tv Slash propose des séries qui sensibilisent : Skam, Mental, Parlement… ils deviennent vraiment une plateforme de choix pour des porteurs de projets ».
Pour faire une oeuvre la plus éco-responsable possible, Valentin Marou préconise par ailleurs de commencer la pré-production encore plus tôt : « Pour faire l’éco-production, le temps de préparation est essentiel et non-négligeable. Il permet de trouver et de valider des lieux de tournage qui permettent de limiter notre empreinte, d’avoir une marge de manoeuvre pour proposer des alternatives à certaines contraintes difficiles à gérer dans l’urgence et surtout d’avoir le temps de sensibiliser tout le monde »
« Quand un tournage se fait en milieu naturel, anticiper va également permettre de contacter les associations locales, de se renseigner sur les espèces présentes mais aussi de prévoir les options de recours à la lumière naturelle lorsque c’est possible » indique Valentine Marou. Préparer bien en amont un projet va aussi lui permettre d’identifier les innovations technologiques qui pourraient faire la différence sur un tournage (groupe électrogène alternatif, valorisation de la chaleur émise par les serveurs…). Elle termine en ajoutant que le plan Action! du CNC va nécessairement amener les productions à augmenter le temps de préparation et à se poser davantage de questions.
« L’éco-production c’est avant tout réduire l’empreinte de son projet, souvent réduire ses dépenses mais aussi se former sur les bonnes pratiques en étant accompagné par des professionnels du secteurs comme les “éco-manageurs” puis très prochainement tenter d’obtenir un label certifiant pour sensibiliser à la démarche. Si nous voulons nous aligner avec les objectifs de réduction des émissions de CO2 planétaire, c’est par là qu’il faut commencer ! » conclut la régisseuse générale.