“Après la nuit” un court-métrage éco-produit

Ils agissent

Rencontre avec Marilou Signolet une productrice engagée.

Marilou Signolet a créé la société Renaissance Eye Productions en Juillet 2013, en collaboration avec la société du même nom qui existe à New York depuis 2009. Par ailleurs, elle est assistante réalisateur et programmatrice du Festival Atmosphères, un festival de cinéma dédié au développement durable. 

Elle témoigne autour du tournage d’Après la nuit qui est présenté cet été dans de nombreux festivals.

Comment créer et produire en tenant compte de notre environnement et de ce qu’il a à offrir ? Comment tirer profit  des solutions qui se trouvent à porter de main ? Comment être soi-même à l’initiative d’une action « éco-consciente » ?

Des milliers de court-métrages sont tournés chaque année, les petites sociétés de production fleurissent. Elles se développent grâce à l’économie collaborative de même que leur fonctionnement interne est fondé sur l’échange. A elles d’être les moteurs de cette transition où l’on remet les choses à l’endroit : penser avant de gérer, écologie puis économie. A elles de trouver les moyens d’éco-concevoir les activités audiovisuelles et cinématographiques, de faire fonctionner l’engrenage d’une économie circulaire. A elles d’insuffler un vent de créativité et un désir d’initiatives au sein de leurs puissants réseaux, elles qui seront les représentantes de l’industrie cinématographique de demain.

En pratique, l’écoproduction fait ses preuves et se répercute de manière positive aussi bien sur l’environnement, que sur les artistes et techniciens, et…sur le porte-feuille. Pour Après la nuit, il avait été demandé, comme un défi, à chaque équipe (cantine, régie, son, lumière, maquillage/coiffure, costumes, mise en scène, déco) d’apporter au moins un élément à l’écoproduction du film. En voici les exemples. A la cantine : mise en place d’un compost, tri des déchets, bannissement du plastique, recherches de produits locaux et de saison ; à la régie : utilisation quotidienne « d’Ecocups » nominatives prêtées par un festival, tri des déchets, achats raisonnés pour la table régie (bannissement des petites bouteilles d’eau et des gâteaux aux multiples emballages), covoiturage, usage des transports en commun, logement de l’équipe et des comédiens sur place à Versailles et Chaville (78) ; à la mise en scène : recrutement de figurants locaux, bannissement des impressions à outrance (jour à jour, feuilles de service) ; pour le maquillage : bannissement des lingettes et des produits testés sur les animaux ; pour la lumière : bannissement des groupes électrogènes ; pour le son : utilisation de piles rechargeables ; pour les costumes : réutilisation de vêtements, etc. 

Il est vrai que certaines mesures sont compliquées à faire accepter au départ. Par exemple, difficile d’expliquer à 35 personnes qu’on ne les ramènera pas chez elles tous les soirs quand on tourne à 20-30 minutes de Paris ; pas évident de demander à chacun de garder et de ne pas perdre son verre pendant huit jours : « Comment je fais si je veux boire un café puis un verre d’eau puis du jus d’orange avec un seul verre ? », pas facile non plus de dire aux comédiens qu’ils ne porteront pas nécessairement des habits neufs, et ainsi de suite avec chacun.

Après huit jours et moultes railleries sur les « Ecocups » et autres mesures d’écoproduction, qui semblaient avoir soudé l’équipe (les railleries), tout le monde s’était littéralement pris au jeu, jusqu’à, pour certains, s’occuper du compost et y chercher les insectes, quête prématurée à l’époque ! Inutile de préciser que nous avons aussi économisé de l’argent (environ 1 huitième du budget).

L’expérience est réussie et il reste encore beaucoup d’idées à utiliser et à inventer. A nous de perséverer dans cette voie et d’inciter nos homologues non encore conquis à en faire de même.

Pour en savoir plus, rendez- vous sur le site de la société de production Renaissance Eye